Rigi-Garage Kenel GmbH
Métier secondaire: entrepreneur de pompes funèbres
26 juillet 2021 agvs-upsa.ch – René Kenel dirige simultanément deux entreprises familiales à Arth (SZ) en tant que mécanicien automobile et entrepreneur de pompes funèbres. Le garagiste UPSA se préoccupe, d’une part, de la mutation dans la branche automobile et, d’autre part, de la manière d’accorder aux morts un départ digne dans l’au-delà.
Deux mondes différents, un seul patron: René Kenel est à la fois mécanicien automobile et entrepreneur de pompes funèbres. Photos: médias de l’UPSA
mig. Deux métiers entièrement différents qui font toutefois appel à la même qualité. René Kenel doit en effet faire preuve de doigté aussi bien dans son atelier que lorsqu’il s’occupe des morts. En tant que propriétaire du Rigi-Garage Kenel, on lui demande de déployer l’habileté artisanale requise pour réparer un défaut sur une voiture. «Réparer le défaut puis expliquer au client ce que j’ai fait me passionne», déclare le garagiste de 51 ans, qui est également entrepreneur de pompes funèbres à Arth (SZ) et dans six communes des environs. Dans ce rôle, il fait preuve de compassion pour les personnes endeuillées. «Il s’agit de soulager tant que possible les proches et de rendre les derniers honneurs aux défunts.»
Les enfants de René Kenel reprendront-ils un jour le garage et l’entreprise de pompes funèbres? Ce n’est pas important pour lui, assure-t-il.
Bien qu’il suive les débats portant sur les propulsions alternatives et qu’il les trouve intéressants, il ne s’en inquiète pas. «Mes clients estiment que l’électromobilité n’est pas encore mûre. Ils se demandent comment et où ils doivent trouver l’électricité.» Le fait que la majorité de ses clients conduisent des véhicules plus anciens à essence lui convient. «Je suis un mécanicien de la vieille école qui préfère se pencher sur des injecteurs et des carburateurs plutôt que sur des capteurs et des schémas électriques de marques tierces.» C’est pourquoi il s’est spécialisé dans les voitures rétro. Il vient d’ailleurs de restaurer entièrement une vieille Dodge.
Le garagiste, et propriétaire d’un bateau à voile, ne se préoccupe pas de sa comptabilité, une activité dévolue à sa mère et à une collaboratrice au bureau et à l’accueil. Cette main-d’œuvre supplémentaire est également intéressante pour l’entreprise de pompes funèbres, qui partage son accueil avec le garage. Au téléphone, il explique préalablement aux proches qui ont perdu un des leurs qu’ils sont à la bonne adresse au Zugerstrasse 17 malgré le logo Shell qu’ils ne sauraient manquer. Il les reçoit ensuite dans une salle de réunion qu’il avait installée à cause des obligations de Peugeot. «Nous avons réduit la taille de l’atelier pour satisfaire aux prescriptions relatives à l’accueil. Sans la double utilité pour l’entreprise de pompes funèbres, nous ne l’aurions pas fait», indique M. Kenel. Il lui arrive de venir de l’atelier pour participer directement à un entretien funèbre. Dans une telle situation, il ne s’agit pas d’être pimpant, mais de faire preuve de tact. Il faut, par exemple, informer les personnes endeuillées au sujet de diverses prescriptions telles que la paix des morts. Dans la plupart des cantons, 48 heures minimum doivent s’écouler entre le décès et la crémation.
«La vie est un cadeau, un départ plein d’amour aussi», tel est le slogan de l’entreprise de pompes funèbres, qui propose toutes les prestations, de l’entretien funèbre à l’organisation de cartes funéraires et de bouquets de fleurs en passant par la mise en bière, le retour de l’urne funéraire et l’habillement du mort. «Le tout dans la discrétion, la piété et le respect», poursuit M. Kenel. La plupart du temps, il prépare, lave, maquille et habille la dépouille mortelle sur place. Il dissimule également les éventuelles blessures.
Le garage et l’entreprise de pompes funèbres sont chacun une Sàrl depuis 2009. Les collaborateurs de cette dernière sont rémunérés à l’heure, René Kenel, qui est toujours d’astreinte, ne faisant pas exception. «Si la police m’appelle, j’ai 30 à 40 minutes pour me rendre auprès du cadavre.» Il arrive alors que le dernier pneu d’été à monter sur un véhicule reste à terre. La charge de travail des pompes funèbres n’a pas augmenté à la suite de la pandémie de coronavirus. Le professionnel de 51 ans évoque 20 décès dus au COVID-19. L’année écoulée, c’est le garage qui l’a occupé le plus, comme à l’accoutumée. «C’est ma source de revenus principale et il fonctionne de lui-même. Mais la charge de travail est malheureusement insuffisante début 2021.»
Une Volvo 740 attend sa révision dans l’atelier et des cercueils de différentes tailles sont entreposés au sous-sol.
Deux mondes différents, un seul patron: René Kenel est à la fois mécanicien automobile et entrepreneur de pompes funèbres. Photos: médias de l’UPSA
mig. Deux métiers entièrement différents qui font toutefois appel à la même qualité. René Kenel doit en effet faire preuve de doigté aussi bien dans son atelier que lorsqu’il s’occupe des morts. En tant que propriétaire du Rigi-Garage Kenel, on lui demande de déployer l’habileté artisanale requise pour réparer un défaut sur une voiture. «Réparer le défaut puis expliquer au client ce que j’ai fait me passionne», déclare le garagiste de 51 ans, qui est également entrepreneur de pompes funèbres à Arth (SZ) et dans six communes des environs. Dans ce rôle, il fait preuve de compassion pour les personnes endeuillées. «Il s’agit de soulager tant que possible les proches et de rendre les derniers honneurs aux défunts.»
Un double engagement hors normes qui mérite un retour en arrière. La famille Kenel répare en effet les toutes premières voitures qui circulent sur les routes d’Arth dans sa forge. Elle se concentre à l’époque sur son cœur de métier, les charrettes et les fers à cheval. Le garage, associé à sa propre station-service Shell, est mis en service en 1927. René Kenel incarne la quatrième génération de dirigeants de l’entreprise. Il effectue un apprentissage de monteur automobile et de mécanicien automobile dans l’entreprise familiale. Il fait non seulement ses débuts dans la branche automobile, mais son père l’initie également au métier d’entrepreneur de pompes funèbres. Malgré sa peur initiale de toucher les morts, l’adolescent participe aux travaux de préparation dès l’âge de 15 ans. «Il me fallait de l’argent pour rajeunir ma mobylette», affirme-t-il pour expliquer son revirement. Trois ans plus tard, après avoir décroché son permis de conduire, il transporte pour la première fois lui-même un défunt à l’aide d’une Ford LTD, et non pas d’une calèche et d’un cheval contrairement à son arrière-grand-père.
Lorsque le père de René Kenel décède en 1993, sa mère reprend la gestion de l’entreprise de pompes funèbres et du garage, une concession Peugeot. René Kenel succède à sa mère au moment où la marque française impose continuellement de nouvelles exigences à ses concessionnaires. «Nous n’étions en mesure ni d’atteindre les chiffres de vente exigés ni de respecter les contraintes dans le showroom», poursuit René Kenel. Peugeot rétrograde alors le garage au rang de centre de service, un statut pour lequel les exigences se sont d’ailleurs également durcies ces dernières années. «Je devais fréquenter de plus en plus de formations pour devenir technicien Peugeot, puis diagnosticien, etc. Tout cela m’a coûté près de 20'000 francs.»
Au lieu de rentrer dans ce jeu à somme nulle, il quitte le réseau français en mai 2019. René Kenel se sent mieux maintenant. Il a adopté le concept d’atelier Le Garage d’ESA et propose des révisions et des réparations pour toutes les marques. Il emploie actuellement un collaborateur dans son atelier et invite les jeunes intéressés par un apprentissage de mécanicien(ne) en maintenance d’automobiles CFC, orientation voitures de tourisme, à le contacter. «Nous donnons leur chance aux jeunes depuis toujours. Nous voulons former des spécialistes pour notre métier», affirme M. Kenel. Il importe de passer du temps avec les apprentis pour qu’ils puissent tenir le rythme à l’école. M. Kenel fait lui aussi régulièrement l’acquisition de nouvelles connaissances. Il a passé avec succès des formations continues dans les domaines du contrôle climatique et des systèmes haute tension pour véhicules hybrides.
Lorsque le père de René Kenel décède en 1993, sa mère reprend la gestion de l’entreprise de pompes funèbres et du garage, une concession Peugeot. René Kenel succède à sa mère au moment où la marque française impose continuellement de nouvelles exigences à ses concessionnaires. «Nous n’étions en mesure ni d’atteindre les chiffres de vente exigés ni de respecter les contraintes dans le showroom», poursuit René Kenel. Peugeot rétrograde alors le garage au rang de centre de service, un statut pour lequel les exigences se sont d’ailleurs également durcies ces dernières années. «Je devais fréquenter de plus en plus de formations pour devenir technicien Peugeot, puis diagnosticien, etc. Tout cela m’a coûté près de 20'000 francs.»
Au lieu de rentrer dans ce jeu à somme nulle, il quitte le réseau français en mai 2019. René Kenel se sent mieux maintenant. Il a adopté le concept d’atelier Le Garage d’ESA et propose des révisions et des réparations pour toutes les marques. Il emploie actuellement un collaborateur dans son atelier et invite les jeunes intéressés par un apprentissage de mécanicien(ne) en maintenance d’automobiles CFC, orientation voitures de tourisme, à le contacter. «Nous donnons leur chance aux jeunes depuis toujours. Nous voulons former des spécialistes pour notre métier», affirme M. Kenel. Il importe de passer du temps avec les apprentis pour qu’ils puissent tenir le rythme à l’école. M. Kenel fait lui aussi régulièrement l’acquisition de nouvelles connaissances. Il a passé avec succès des formations continues dans les domaines du contrôle climatique et des systèmes haute tension pour véhicules hybrides.
Les enfants de René Kenel reprendront-ils un jour le garage et l’entreprise de pompes funèbres? Ce n’est pas important pour lui, assure-t-il.
Bien qu’il suive les débats portant sur les propulsions alternatives et qu’il les trouve intéressants, il ne s’en inquiète pas. «Mes clients estiment que l’électromobilité n’est pas encore mûre. Ils se demandent comment et où ils doivent trouver l’électricité.» Le fait que la majorité de ses clients conduisent des véhicules plus anciens à essence lui convient. «Je suis un mécanicien de la vieille école qui préfère se pencher sur des injecteurs et des carburateurs plutôt que sur des capteurs et des schémas électriques de marques tierces.» C’est pourquoi il s’est spécialisé dans les voitures rétro. Il vient d’ailleurs de restaurer entièrement une vieille Dodge.
Le garagiste, et propriétaire d’un bateau à voile, ne se préoccupe pas de sa comptabilité, une activité dévolue à sa mère et à une collaboratrice au bureau et à l’accueil. Cette main-d’œuvre supplémentaire est également intéressante pour l’entreprise de pompes funèbres, qui partage son accueil avec le garage. Au téléphone, il explique préalablement aux proches qui ont perdu un des leurs qu’ils sont à la bonne adresse au Zugerstrasse 17 malgré le logo Shell qu’ils ne sauraient manquer. Il les reçoit ensuite dans une salle de réunion qu’il avait installée à cause des obligations de Peugeot. «Nous avons réduit la taille de l’atelier pour satisfaire aux prescriptions relatives à l’accueil. Sans la double utilité pour l’entreprise de pompes funèbres, nous ne l’aurions pas fait», indique M. Kenel. Il lui arrive de venir de l’atelier pour participer directement à un entretien funèbre. Dans une telle situation, il ne s’agit pas d’être pimpant, mais de faire preuve de tact. Il faut, par exemple, informer les personnes endeuillées au sujet de diverses prescriptions telles que la paix des morts. Dans la plupart des cantons, 48 heures minimum doivent s’écouler entre le décès et la crémation.
«La vie est un cadeau, un départ plein d’amour aussi», tel est le slogan de l’entreprise de pompes funèbres, qui propose toutes les prestations, de l’entretien funèbre à l’organisation de cartes funéraires et de bouquets de fleurs en passant par la mise en bière, le retour de l’urne funéraire et l’habillement du mort. «Le tout dans la discrétion, la piété et le respect», poursuit M. Kenel. La plupart du temps, il prépare, lave, maquille et habille la dépouille mortelle sur place. Il dissimule également les éventuelles blessures.
Le garage et l’entreprise de pompes funèbres sont chacun une Sàrl depuis 2009. Les collaborateurs de cette dernière sont rémunérés à l’heure, René Kenel, qui est toujours d’astreinte, ne faisant pas exception. «Si la police m’appelle, j’ai 30 à 40 minutes pour me rendre auprès du cadavre.» Il arrive alors que le dernier pneu d’été à monter sur un véhicule reste à terre. La charge de travail des pompes funèbres n’a pas augmenté à la suite de la pandémie de coronavirus. Le professionnel de 51 ans évoque 20 décès dus au COVID-19. L’année écoulée, c’est le garage qui l’a occupé le plus, comme à l’accoutumée. «C’est ma source de revenus principale et il fonctionne de lui-même. Mais la charge de travail est malheureusement insuffisante début 2021.»
René Kenel a eu beaucoup de travail fin 2020. Au bout de 25 ans de bons et loyaux services, son Peugeot Expert, qui faisait office de corbillard, était arrivé en fin de vie. Il a d’abord fallu convertir son successeur, un Peugeot Traveller 4x4. «Nous n’avons encore jamais acheté de véhicule de transport standard. Traditionnellement, nous faisons appel à des entreprises locales pour l’aménagement intérieur», indique-t-il. La menuiserie de Küssnacht (SZ) a été chargée de l’habillage latéral en bois et de la cloison de séparation vis-à-vis du chauffeur, et l’entreprise de construction métallique de Goldau (SZ) a posé le plancher en acier chromé. Il tient à cœur à la famille Kenel de collaborer avec des acteurs de la région pour s’entraider. Les urnes, qui sont entreposées avec les cercueils dans un local sous le garage, proviennent elles aussi d’ateliers pour handicapés de la région. Le curé de la paroisse d’Arth a en outre béni le véhicule en février.
René Kenel, garagiste et entrepreneur de pompes funèbres, est-il devenu la personnalité la plus connue du village? «Ceux qui ne connaissent pas mon nom connaissent au moins le garage et la station-service Shell sur la route principale», répond le garagiste UPSA. Pour ne pas tomber dans l’oubli, il publie des annonces dans le journal local, le Rigi Post, et renforce sa présence en ligne. Outre un nouveau site Internet, il optimise sans cesse son classement sur Google et sa présence sur les réseaux sociaux. Depuis quatre ans, il rappelle activement à ses clients que leur révision est due à l’aide d’un courrier. «Mon expérience est positive, car je peux mieux échelonner les rendez-vous des clients.»
Nombreux devraient donc être les clients qui seront présents à l’occasion du centenaire en 2027. René Kenel n’a encore rien prévu, mais il imagine une journée portes ouvertes conviviale et un barbecue. Peu lui importe que l’entreprise familiale soit un jour dirigée par la cinquième génération. «Mes enfants doivent exercer le métier qu’ils aiment.» Ses deux filles sont devenues respectivement coiffeuse et peintre, dans d’autres branches, et son fils n’est que dans le degré supérieur. Ce dernier semble apprécier les métiers de l’automobile. Un stage préprofessionnel a confirmé qu’il adore écouter le bruit que font les moteurs. Le doigté devrait faire partie de son héritage génétique.
René Kenel, garagiste et entrepreneur de pompes funèbres, est-il devenu la personnalité la plus connue du village? «Ceux qui ne connaissent pas mon nom connaissent au moins le garage et la station-service Shell sur la route principale», répond le garagiste UPSA. Pour ne pas tomber dans l’oubli, il publie des annonces dans le journal local, le Rigi Post, et renforce sa présence en ligne. Outre un nouveau site Internet, il optimise sans cesse son classement sur Google et sa présence sur les réseaux sociaux. Depuis quatre ans, il rappelle activement à ses clients que leur révision est due à l’aide d’un courrier. «Mon expérience est positive, car je peux mieux échelonner les rendez-vous des clients.»
Nombreux devraient donc être les clients qui seront présents à l’occasion du centenaire en 2027. René Kenel n’a encore rien prévu, mais il imagine une journée portes ouvertes conviviale et un barbecue. Peu lui importe que l’entreprise familiale soit un jour dirigée par la cinquième génération. «Mes enfants doivent exercer le métier qu’ils aiment.» Ses deux filles sont devenues respectivement coiffeuse et peintre, dans d’autres branches, et son fils n’est que dans le degré supérieur. Ce dernier semble apprécier les métiers de l’automobile. Un stage préprofessionnel a confirmé qu’il adore écouter le bruit que font les moteurs. Le doigté devrait faire partie de son héritage génétique.
Une Volvo 740 attend sa révision dans l’atelier et des cercueils de différentes tailles sont entreposés au sous-sol.
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